Parlons aujourd’hui de ce que l’on appelle les polysèmes et/ou homonymes. Ces groupes de mots représentent encore aujourd’hui l’un des plus grands défis de la profession de traducteur, et en particulier pour les petits derniers-nés de notre famille, les systèmes de traduction basés sur l’intelligence artificielle.
Ce sont des mots que l’on prononce et que l’on écrit de la même manière, mais qui ont une signification différente. Il faut “deviner” le sens en fonction du contexte – une chose que notre cerveau apprend déjà pendant l’apprentissage de la langue, de sorte que cela se fait en grande partie automatiquement et que nous n’avons plus besoin de réfléchir longuement pour savoir si, dans le contexte donné, il faut entendre “la mère” ou “l’écrou” quand nous voyons le mot “Mutter”.
D’ailleurs, il existe d’innombrables blagues et caricatures qui jouent sur la confusion entre ces mots.
Voici quelques exemples d’homonymes ou de polysèmes en allemand:
- «die Bank» (la banque) et «die Bank» (le banc)
- «die Mutter» (la mère) et «die Mutter» (l’écrou)
- «der Kiefer» (la mâchoire) et «die Kiefer» (le pin)
- « die Leiter » (l’échelle), der Leiter (conducteur, comme dans « semi-conducteur ») et « der Leiter » (le chef)
- «die Lehre» (apprentissage professionnelle), «die Lehre» (dogme, enseignement) et «die Lehre» (appareil pour mesurer, p.ex pied à coulisse)
- «die Steuer» (impôt) et «das Steuer» (volant)
- «der Ball» (la balle) et «der Ball» (le bal)
- «das Gericht» (le tribunal) et «das Gericht» (un plat, un repas)
- «der Strauss» (l’autruche) et «der Strauss» (bouquet)
Certains d’entre eux peuvent être distingués par leur pluriel, mais d’autres non.
C’est d’ailleurs là que se produisent la plupart des erreurs de traduction des outils de traduction automatique, en particulier les “anciens” modèles comme babbel ou google translate. Mais même les outils plus récents et plus performants basés sur l’intelligence artificielle commettent encore des erreurs :

C’est pourquoi il est de bonne pratique de faire relire les traductions automatiques par une personne compétente (post-processing) avant de les publier, sous peine de provoquer des rires involontaires dans le public. Lorsque nous travaillons nous-mêmes avec ces outils, nous corrigeons ces fautes en ligne et l’outil intègre ces corrections et en tire des enseignements.
Mais n’ayez surtout pas peur à faire rire les gens en faisant ce genre d’erreur quand vous passez du temps avec des germanophones. Tous ceux qui apprennent une langue étrangère ont déjà confondu des mots, généralement quand ils ont une consonance similaire. Ma némésis personnelle est “orteil / orties ” – ils ne s’écrivent pas de la même manière et n’ont pas la même signification, et pourtant je dois à chaque fois réfléchir vivement pour savoir lequel des deux mots utiliser – et ceci depuis bientôt 40 ans !
Chaque faute que quelqu’un m’explique me rapproche d’une meilleure maîtrise du français et il en sera de même pour vous en allemand ! Si vous vous exercez assidûment, si vous vous faites corriger et si vous savez rire de temps en temps de vos propres fautes, cela portera vite ses fruits ✨ !
P.S. Par ailleurs, en étudiant la page des homonymes sur Wikipédia francophone, j’ai découvert que si le bouquet n’est pas un oiseau, il est en revanche une crevette.