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Le monde merveilleux de la littéralité : comment l’allemand embrasse la réalité.

Dans le vaste monde de la langue, il existe une espèce particulière de mots qui se sentent chez eux en allemand. Ces mots ne sonnent pas seulement de manière significative, ils décrivent aussi exactement ce qu’ils représentent. Ils sont littéralement les enfants prodiges du paysage linguistique, les trucs volants, les crapaux à bouclier et les tissus pour le cou.

Qu’est-ce qu’on peut imaginer d’un “avion”, d’une “tortue” ou d’un “foulard” ? La langue allemande offre une bien meilleure solution pour notre cerveau humain limité que le français avec ses mots issus du latin ou du grec!

Considérons d’abord le majestueux avion en allemand : “Flugzeug”. Un mot précis: Flug-Zeug. Littéralement : “truc qui vole”. Peut-on imaginer un meilleur mot pour faire naître la bonne image dans l’esprit ?

la tortue - le crapeau au bouclier - die schildkröte

Non seulement dans les airs, mais aussi sur le sol, on peut rencontrer des créatures de la création linguistique allemande. Par exemple “die Schildkröte”. Littéralement : un crapaud avec un bouclier. Un nom qui évoque la force et l’endurance. Et que fait une tortue ? Elle porte littéralement son propre bouclier sur son dos et rampe lentement et prudemment dans la vie, tout comme son nom alemand l’indique.

le pupitre - der notenständer - le support à partitions

Mais le monde animal n’est pas le seul à être concerné par cette précision littérale. Non, nous trouvons aussi des exemples dans la vie de tous les jours comme le “Notenständer”. En tant que “support pour partitions”, il fait exactement ce que son nom promet : un objet qui est exactement cela – un support sur lequel sont posées des partitions de musique, comme s’il attendait qu’un chef-d’œuvre musical soit créé sur lui. C’est comme si le mot lui-même reflétait la mélodie musicale qu’il porte.

le foulard - das halstuch - le tissu pour le cou

Mais la langue allemande a encore plus à offrir. Prenons par exemple le “foulard”. Littéralement un “Halstuch”. Un accessoire textile qui s’enroule autour du cou et le protège du froid mordant ou des mésaventures de la mode. C’est un tissu destiné au cou – pas de place pour la confusion ou l’ambiguïté, contrairement aux mots “écharpe” ou “foulard” dont on ne sait jamais ce qu’il est censé “fouler”.

les gants - die handschuhe - les chaussures pour les mains

Et puis il y a les “Handschuhe”. Un vêtement indispensable qui protège nos mains des intempéries. Ces gants sont comme une seconde peau pour nos mains, prêts à les réchauffer et à les protéger, comme leur nom l’indique. Mais qui a besoin de “gants” quand on peut porter des “chaussures pour les mains” ?

C’est comme si les noms allemands avaient un lien direct avec ce qu’ils sont censés décrire. Ils n’ont pas peur d’embrasser la réalité avec leur précision linguistique et nous font souvent sourire. C’est un vrai plaisir de se perdre dans ce monde de mots expressifs qui nous rappelle sans cesse que la langue n’est pas seulement une communication, mais aussi une forme d’art qui mérite d’être célébrée.

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Qu’est-ce qu’un helvétisme et pourquoi est-il important de l’utiliser dans vos textes allemands ?

On remarque dans un texte si le traducteur était un Allemand ou un Suisse. Il faut en être conscient lorsqu’une entreprise suisse fait traduire ses textes par quelqu’un à l’étranger ou bien DeepL !

DeepL est une aide merveilleuse, mais il faut savoir qu’il a été développé en Allemagne et entraîné avec l’allemand standard – et non avec l’allemand standard suisse. Un public germanophone s’en rend compte ! En français, nous connaissons aussi cela : en France, on utilise un vocabulaire légèrement différent de celui du Québec, de la Belgique ou de la Suisse (oui “nonante”, je te parle !). Certains mots sonst même des faux amis, c’est-à-dire ils existent dans les deux pays mais ont des significations différentes (p.ex. cervelat)!

Voici quelques exemples de ce que l’on appelle des helvétismes en allemand standard suisse

FrançaisAllemand standard d’AllemagneAllemand standard Suisse
crèmeSahneRahm
fondueKäsefondueFondue
bisquitKeksGüezi / Guezli
pneuReifenPneu
toiletteKloToilette / WC
cervelatCervelat
Brühwurst
Streichwurst
Cervelat
trottoirGehsteigTrottoir
poireauPorreeLauch
racine rougeRote BeteRande
apéroUmtrunkApéro
dégustationVerkostungDegustation

Il ne s’agit là que de quelques exemples de ce que l’on appelle des helvétismes. Il existe bien d’autres mots et expressions qui sont utilisés différemment en Suisse et en Allemagne. Ce ne sont pas non plus des mots de dialecte, mais ils font partie du Hochdeutsch écrit ici (le “Schriftdeutsch”) et apparaissent également dans les dictionnaires officiels, etc.

Pourquoi est-il important de connaître ces mots et d’autres particularités du Hochdeutsch suisse (Schweizer Standarddeutsch)?

Lors de la traduction d’un texte d’une langue à une autre, les habitudes linguistiques et les différences culturelles du pays cible doivent être prises en compte (localisation). Cela est particulièrement vrai pour la traduction vers l’allemand, car l’espace germanophone (appelé espace D-A-CH) compte plusieurs langues standard régionales (en Autriche aussi, on écrit son propre allemand écrit), des particularités culturelles et des mentalités.

La relation entre la Suisse et l’Allemagne peut être compliquée. D’un point de vue linguistique, d’autant plus que les dialectes suisse allemands parlés sont très différents du Hochdeutsch, et que le “Schriftdeutsch” est notre première langue étrangère (mal aimée par beaucoup !). C’est l’une des raisons pour lesquelles, en Suisse alémanique, si vous déballez votre haut allemand scolaire, on vous répondra soit en dialecte suisse allemand, soit en français, soit en anglais, mais rarement en bon allemand.

Sympathie et image de marque

La localisation, c’est-à-dire l’adaptation du vocabulaire utilisé, est ici fortement recommandée non seulement pour améliorer la compréhension du texte, mais aussi pour faciliter l’acceptation de son contenu ! En d’autres termes, si un texte ressemble trop à de l’allemand « d’Allemagne », cela peut rendre l’expéditeur antipathique aux yeux du lecteur Suisse et amener ce dernier à rejeter le contenu !

Or, en matière de communication marketing, vous voulez faire bonne impression ! Sinon, la communication ne remplit pas son objectif. Ce n’est qu’en créant un lien émotionnel positif avec le lecteur que l’image de votre entreprise ou de votre marque peut marquer des points. Pour cela, il est important d’utiliser des expressions et des tournures “helvétiques” – et d’éviter les termes à charge négative (rappelons-le : langue étrangère mal-aimée !).

SEO – être trouvé ou non, telle est la question ici

Outre l’image de votre marque, il y a un autre enjeu si vous n’utilisez pas les mots juste dans vos textes : Vous ne serez pas trouvé par votre audience cible !

De quoi s’agit-il ? C’est très simple: aucun Suisse ne cherchera “Sahnesosse” s’il cherche une recette de “sauce à la crème”, mais en Suisse on cherchera “Rahmsauce”.

Si vous ne connaissez pas ce genre de détails, vous n’écrirez pas seulement à côté de votre groupe cible, mais aussi pour la poubelle. En effet, les moteurs de recherche ne présenteront pas les textes à un public suisse (car personne ne cherche ici “Sahnesosse”), ni à un public allemand (car les pages en rapport avec la Suisse n’y apparaissent pas en premier lieu pour les utilisateurs allemands).

Si le sujet vous intéresse, je me ferai un plaisir d’en écrire plus sur la localisation et la traduction du SEO en allemand dans ces pages dans les semaines à venir.

D’ici là, je vous recommande, ainsi qu’à vos collaborateurs du domaine de la communication, de vous familiariser avec l’allemand standard suisse. L’ouvrage de référence suivant peut vous y aider :

Schweizerhochdeutsch: Wörterbuch der Standardsprache in der deutschen Schweiz
von Hans Bickel und Christoph Landolt, Duden Verlag, 2018
Schweizerhochdeutsch: Wörterbuch der Standardsprache in der deutschen Schweiz
von Hans Bickel und Christoph Landolt, Duden Verlag, 2018

Ce livre contient non seulement une liste exhaustive de mots qui sont utilisés différemment en Suisse qu’en Allemagne, mais explique également d’autres particularités linguistiques et grammaticales de l’allemand standard suisse.

Vous avez des questions sur cet article ? N’hésitez pas à me les poser par e-mail à info@textes-en-allemand.ch ou par Messenger. Je m’efforcerai d’y répondre dans un prochain article.

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Le bouquet est un oiseau! – Les erreurs de traduction et les leçons que nous pouvons en tirer

Parlons aujourd’hui de ce que l’on appelle les polysèmes et/ou homonymes. Ces groupes de mots représentent encore aujourd’hui l’un des plus grands défis de la profession de traducteur, et en particulier pour les petits derniers-nés de notre famille, les systèmes de traduction basés sur l’intelligence artificielle.

Ce sont des mots que l’on prononce et que l’on écrit de la même manière, mais qui ont une signification différente. Il faut “deviner” le sens en fonction du contexte – une chose que notre cerveau apprend déjà pendant l’apprentissage de la langue, de sorte que cela se fait en grande partie automatiquement et que nous n’avons plus besoin de réfléchir longuement pour savoir si, dans le contexte donné, il faut entendre “la mère” ou “l’écrou” quand nous voyons le mot “Mutter”.

D’ailleurs, il existe d’innombrables blagues et caricatures qui jouent sur la confusion entre ces mots.

Voici quelques exemples d’homonymes ou de polysèmes en allemand:

  • «die Bank» (la banque) et «die Bank» (le banc)
  • «die Mutter» (la mère) et «die Mutter» (l’écrou)
  • «der Kiefer» (la mâchoire) et «die Kiefer» (le pin)
  • « die Leiter » (l’échelle), der Leiter (conducteur, comme dans « semi-conducteur ») et « der Leiter » (le chef)
  • «die Lehre» (apprentissage professionnelle), «die Lehre» (dogme, enseignement) et «die Lehre» (appareil pour mesurer, p.ex pied à coulisse)
  • «die Steuer» (impôt) et «das Steuer» (volant)
  • «der Ball» (la balle) et «der Ball» (le bal)
  • «das Gericht» (le tribunal) et «das Gericht» (un plat, un repas)
  • «der Strauss» (l’autruche) et «der Strauss» (bouquet)

Certains d’entre eux peuvent être distingués par leur pluriel, mais d’autres non.

C’est d’ailleurs là que se produisent la plupart des erreurs de traduction des outils de traduction automatique, en particulier les “anciens” modèles comme babbel ou google translate. Mais même les outils plus récents et plus performants basés sur l’intelligence artificielle commettent encore des erreurs :

le bouquet est un oiseau erreur de traduction automatique

C’est pourquoi il est de bonne pratique de faire relire les traductions automatiques par une personne compétente (post-processing) avant de les publier, sous peine de provoquer des rires involontaires dans le public. Lorsque nous travaillons nous-mêmes avec ces outils, nous corrigeons ces fautes en ligne et l’outil intègre ces corrections et en tire des enseignements.

Mais n’ayez surtout pas peur à faire rire les gens en faisant ce genre d’erreur quand vous passez du temps avec des germanophones. Tous ceux qui apprennent une langue étrangère ont déjà confondu des mots, généralement quand ils ont une consonance similaire. Ma némésis personnelle est “orteil / orties ” – ils ne s’écrivent pas de la même manière et n’ont pas la même signification, et pourtant je dois à chaque fois réfléchir vivement pour savoir lequel des deux mots utiliser – et ceci depuis bientôt 40 ans !

Chaque faute que quelqu’un m’explique me rapproche d’une meilleure maîtrise du français et il en sera de même pour vous en allemand ! Si vous vous exercez assidûment, si vous vous faites corriger et si vous savez rire de temps en temps de vos propres fautes, cela portera vite ses fruits ✨ !

P.S. Par ailleurs, en étudiant la page des homonymes sur Wikipédia francophone, j’ai découvert que si le bouquet n’est pas un oiseau, il est en revanche une crevette.

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Comment traduisez-vous “Schloss”?

“Les traductions automatiques d’aujourd’hui sont beaucoup plus avancées qu’il y a 10 ans, n’est-ce pas ?”.

Oh oui, c’est vrai ! Et j’apprécie cela. Je travaille aussi en partie de manière semi-automatique, c’est-à-dire que je laisse un logiciel créer le brouillon et faire ensuite ce qu’on appelle le post-processing. Mais je ne peux pas le faire sans post-traitement pour le moment, les programmes automatiques actuels sont trop enclins à faire des erreurs de traduction grossières pour le moment. Par exemple, ils peuvent très mal gérer les homonymes (lorsqu’un même mot a des significations différentes).

La semaine dernière, il m’est arrivé que mon logiciel traduise le mot allemand “Schloss” en français “cadenas” au lieu du mot correct “château”. Heureusement, je connais le français et je l’ai remarqué ! Mais imaginez combien cela aurait été embarrassant si j’avais dû faire aveuglément confiance au logiciel !

Est-ce que quelque chose de semblable vous est déjà arrivé ?

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Comment éviter des “faux amis” entre l’allemand et le français

Le saviez-vous : il existe de nombreux “faux amis” entre l’allemand et le français !

Les “faux amis” sont des mots qui existent dans les deux langues, mais qui ont chac?un un sens différent, comme par exemple la palme de l’illustration.

Ces mots ont parfois une origine commune, comme dans l’exemple présenté, les palmes françaises ont en fait été nommées d’après les feuilles du palmier.

Les personnes qui ne connaissent pas une langue ne sont parfois pas conscientes de ces différents sens et supposent que si le mot est le même, le sens doit également être le même.

Pour aggraver les choses, les vérificateurs d’orthographe ne remarquent pas d’erreur dans ces cas-là car, après tout, le mot existe !

Si vous n’êtes pas sûr et que vous voulez éviter d’écrire des bêtises, laissez-moi vérifier rapidement votre texte allemand avant de le publier. N’hésitez pas à me contacter par e-mail à info@textes-en-allemand.ch.

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